« Que c’est beau la vie », chantait-il avec fougue. La vie est un peu moins belle depuis la disparition, samedi, de ce chanteur-poète qui animait de sa présence calme et tranquille les dimanches d'Antraigues.

J'avouerai, je n'étais pas une fan absolue de Jean Ferrat, il n'était pas de mon époque, il avait plutôt l'âge d'être mon père.
N'empêche, les souvenirs remontent à ma mémoire... 1983, premier été d'une longue série que je passerai aux Blanchons, à 500 m à vol d'oiseau du coeur du village d'Antraigues.

Les pique-niques sur le volcan chargés de sacs à dos remplis des bons saucissons, du beurre en motte et du pain frais de la copine-épicière qui vendait tout et nous offrait au retour le soir le bon petit sirop de fenouil réconfortant. Les petits goûters au pied du château de Cros, le crapahutage jusqu'à la cascade du Ray Pic et la baignade amplement méritée.

La brocante du 15 août. L'achat du monumental coffre sculpté qu'il fallait ramener aux Blanchons à travers la montagne. 500 m oui, à vol d'oiseau, mais à pied, c'était 2 km qu'il a fallu se taper, dans la "montagne" en trimballant notre énorme coffre arraché de haute lutte à un acheteur adversaire.
Les soirées au mini golf de Vals les Bains (on n'avait pas droit au Casino, on avait trop d'enfants), la victoire récompensée par une sublime glace aux marrons chez Alix...
Et puis Jean Ferrat, qu'on voyait de temps en temps se promener, boire son petit jaune attablé à "La Montagne" son ancien restaurant,

pétanquer sur la place du village.... Manquer de se faire renverser par Cherrybee tellement il était habitué à traverser les routes de son pays sans regarder à droite ou à gauche :-)
Demain, tu vas partir, dans la vieille église, entouré de ta famille, de tes amis. Ils vont t'écouter encore une fois (pas la dernière) chanter "que c'est beau la vie", ils vont t'accompagner en long cortège, comme autrefois, jusqu'au petit cimetière de la montée de la Croisette (quel joli nom pour une star) ou bien peut-être même chez toi, face à ta "Montagne".

Et moi, je penserai fort à toi, à l'Ardèche, au château, à la cascade, au volcan, aux marrons grillés au feu de bois dans la cheminée, je tournerai une belle page de mon histoire, sans nostalgie, en me demandant si quelque part tu ne nous fais pas un signe en nous rappelant que nous sommes deux, que nous nous aimons, que nous avons la santé et que, malgré tout, "C'est beau la vie!".
Merci Jean, Au revoir, Jean