Pour revenir sur mon message de jeudi, je voudrais partager avec vous un commentaire très intéressant qu'une de mes bonnes amies, québécoise de naissance, m'a autorisée à publier. Comme elle le dit, ce n'est que son opinion. Elle habite la rive sud, a une adolescente qui a décidé de rester dans le système scolaire public. Je rajouterai mes commentaires à la fin:
"On en parlait hier Cherrybee ... les gens ici au Québec ne sont pas des modèles de civisme et de savoir-vivre. En tant que conducteurs, nous avons la pire cote au Canada et aux États-Unis. Et les « caddy » du Maxi, je les retrouve près de chez moi, pleins de papiers et de saleté qui trainent partout, les voisins qui partent leur tondeuses à gazon ou leur scie à chaîne (!) à 7 h 45 le dimanche matin ... non mais !!! Nos meilleures discussions, on les a avec deux amis français, si, si ... Et ils n'en reviennent pas de l'inculture des Québécois, de leur manque de vision sur le monde, de leur manque de savoir-vivre, leur massacre éhonté de la langue française. Les Français qui ont des enfants ici les mettent au privé tellement notre système nivelle par le bas et que les jeunes n'apprennent rien; le taux de décrochage est effarant; 49% des Québécois ont de la difficulté à lire un texte ordinaire. Ma fille a commencé son secondaire, et à l'entendre parler, cela n'augure rien de bon, mais je me donne jusqu'à Noël. Et notre système de santé est une honte ! Attendre jusqu'à 17 heures dans une salle d'urgence bondée, assis sur une chaise inconfortable ... Tu as su cette histoire de la jeune femme enceinte de trois mois qui s'est présentée à l'hôpital Le Gardeur, souffrant de saignements abondants. Au bout de je ne sais combien d'heures d'angoisse et de souffrances, on lui a donné un petit bocal ... qu'elle a rapporté à l'accueil plus tard avec son foetus (fausse couche). On lui a dit d'aller se rasseoir et d'attendre !!!! Son mari et elle ont pris un avocat et intentent une poursuive pour négligence criminelle.
Quant au chômage, on est près du 9% ici ... et les jeunes n'ont jamais eu autant de difficultés à se trouver du travail cet été; du jamais vu ! On a un copain qui est au chômage depuis presqu'un an et même s'il est prêt à tout, eh bien tout lui passe sous le nez. Malgré ses diplômes, il va peut-être bientôt livrer de la pizza ... Il se demande comment il va faire pour payer sa maison. Cherrybee, la France n'est certainement pas le meilleur pays du monde, il a sûrement ses défauts, mais on a les nôtres aussi. Pour lire des bilans de gens qui retournent dans leur pays au bout de 3, 5, 10 ans (avec longues explications que je comprends et approuvent totalement, textes qui sont tellement bien écrits et décrivent si bien le Québec qu'ils mériteraient d'être publiés dans Le Devoir), tous ne trouvent pas l'Eldorado qu'ils espéraient ici. On blâme beaucoup la DGQ et ce qu'ils font miroiter. La DGQ, c'est désormais l'équivalent de « la revanche des berceaux », quand le clergé exhortait les femmes à faire beaucoup d'enfants pour contrer la « menace » anglaise. On veut faire venir des francophones à tout prix, mais en leur cachant bien souvent les embûches auxquelles ils devront faire face ... et leurs diplômes qui ne seront pas reconnus. D'après les dernières statistiques de 2008, 39% seulement des enfants dans les écoles de l'île de Montréal sont francophones. Encore là, du jamais vu ... et ça va aller en empirant. D'ici deux générations, je ne sais pas ce que seront devenus les francophones ... Le Québec a déjà eu un espoir d'avenir, que ce soit la souveraineté, peut-être l'indépendance ou à tout le moins une forme d'autonomie, question de rapatrier d'Ottawa tout cet argent qui nous est dû. Mais maintenant, les jeunes sont las de la politique et de tous les scandales. Et je me demande sérieusement où s'en va le Québec, quels projets on a pour lui ... Les politiciens sont tous pareils, en général incompétents et incultes ! Ce n'est pas pour rien qu'on retrouve fort peu de gens intelligents, avec une vision éclairée et structurée de la société et du Québec « de demain » au gouvernement. Tout ça pour dire que le Québec a ses innombrables lacunes. Je le sais, j'y vis depuis toujours et je regarde notre Belle Province avec un oeil très critique ... de plus en plus critique même. Personnellement, tu t'en doutes un peu, si je le pouvais, j'irais vivre en Europe, car je ne me suis jamais sentie américaine dans l'âme. Mais il est un peu tard et j'ai peut-être raté le train. C'est pour cela que j'admire et félicite ceux et celles qui ont ce rêve de venir ici et foncent, coûte que coûte. Certains réussissent et y sont heureux et c'est tant mieux, d'autres repartent, amèrement déçus. Comme le mentionnait Mandy, le bonheur, il faut d'abord essayer de le trouver en soi. Je pourrais très bien aller vivre en Europe et me dire que ... flûte, je me suis trompée, mais j'aurais essayé. Et tous ceux d'ailleurs qui viennent et s'en retournent ne devraient jamais, jamais considéré cela comme un échec, au contraire. Ils auront au moins tenté l'aventure".
Merci Nancy,
Pour ma part, le constat que je fais depuis mon arrivée, c’est qu’effectivement, le Québec, aux
Dires de ceux qui habitent ici depuis longtemps, émigrés ou pas, et en particulier de mon chum, se dégrade petit à petit, jour après jour.
Ce que je puis en dire à titre personnel, c’est qu’il y a pas mal de différences entre la culture française et celle québécoise. Par exemple, pour le respect de la langue française. Pendant des années, on m’a fait comprendre que mon bac en lettres classiques ne me servirait à rien pour mon avenir sauf dans l’éventualité où je souhaiterais être enseignante. J’arrive ici, et je m’aperçois que ce diplôme est extrêmement bien apprécié dans le milieu dans lequel j’évolue désormais. Quel boost pour le moral et l’estime de soi !
Ceci dit, j’ai nettement l’impression que la majorité des 64 millions de français n’attribuent pas une importance énorme à la langue française telle qu’on la pratique nous. L’essentiel pour eux est de communiquer et de se faire comprendre des autres. Alors, que ce soit en langage SMS ou même en Anglais…. La polémique est bien loin de la protection de la langue française.
Concernant l’incivisme et le manque de savoir-vivre, je viens d’une sublime région, qui malheureusement concentre une population dense et complètement hétérogène. Dans le sud-est, ce que tu décris au sujet des horaires de week-end, des caddies, de la saleté, de l’incivisme sur les routes, nous, cela fait des années que nous le vivons. (D’ailleurs, les caddies ont depuis longtemps un petit système de jeton-pièce-caution afin qu’on les ramène dans les parcs à caddies). D'ailleurs, regarde ce qu'ils en font :)
Concernant le décrochage scolaire, même constat, avec quelques années d’avance. J’ai fait toute ma scolarité dans le public, mes filles de 30 ans dans le privé. La différence, c’est que quand l’instit nous donnait une punition, mes parents ne l’attendaient pas à la sortie pour lui faire la grosse tête et porter plainte pour protéger leurs chères têtes blondes. Au contraire, souvent, les miens doublaient la punition.
Concernant le système de santé par contre, on commence à vous rattraper. Constatation pitoyable, comme je te le racontais en privé, mon père a été hospitalisé 48 h la semaine dernière après s’être vidé de toute substance liquide. Oui je sais, c’est glauque, mais ça a son importance. Les infirmières lui ont posé un cathéter et ……… Il est resté 48 heures sans boire, sans manger, sans soluté d’hydratation. On a supposé qu’elles avaient tout simplement oublié de le lui poser. Sur un vieux monsieur de 76 ans, bravo !!!
Je suis entièrement d’accord avec toi sur la campagne de séduction opérée par la DGQ, encore que moi, dans ma belle région densément peuplée, à 50 ans, au chômage, j’étais mise au rebut, en attente de la préretraite, comme ma meilleure amie française actuellement. En arrivant ici, en 2007, j’ai trouvé un travail en 3 semaines et bien mieux payé qu’en France.
C’est normal, le taux de chômage là-bas a dépassé les 9,1 % en moyenne.
Notre référence, Mandy est une petite personne à mon sens exceptionnelle, dont je suis fière d’être l’amie. Et comme elle le dit, nous, immigrés, nous arrivons avec notre histoire, nos histoires personnelles dont quelquefois nous avons préféré nous éloigner, notre ressenti de notre pays d’origine. Et nous devons faire avec cette nouvelle aventure que nous vivons désormais. Pour ma part, elle est merveilleuse. J’ai été accueillie tout de suite par des amis et un milieu de travail privilégié, je vis dans une région également privilégiée à mon sens par rapport à certains quartiers de Montréal, je constate que le prix des maisons par exemple est divisé de moitié par rapport à ma région d’origine, ce qui me permet à la fois de vivre ET de prendre du bon temps. Je ne suis pas venue « faire fortune au Québec » ni « apporter au Québec tout ce qu’il ne connait pas et dont je suis la fière détentrice », je suis juste venue vivre une vie que je trouve personnellement cent fois plus agréable qu’avant, compte tenu pour ma part, je le répète, de tout ce qui précède….
Je ne voudrais pas que mes compatriotes les Québécois le prennent mal, mais j'ai souvent l'impression que nous, dans notre vieille France, nous sommes encore leurs grands frères, juste sur le plan de l'expérience. Tout ce qui est vécu actuellement, nous, nous le connaissons depuis une vingtaine d'années...
Que dire de plus….
Ah oui, lundi, tu vas me traiter de maudite française, mais c’est vrai que quelque part, l’idée que nous puissions tous nous comprendre et communiquer que ce soit dans une langue ou dans une autre me plait bien…..
See you soon….
À votre clavier!