Nous sommes donc montés à Montréal pour découvrir en dernière limite cette magnifique exposition.
Évidemment que nous n'avons pas eu l'heur d'admirer les 8000 statues de guerriers et leurs chevaux, découvertes en 1974 . Mais nous avons pu en côtoyer 16, ce qui est déjà pas si mal.... Ainsi que d'autres pièces rares et uniques.
Armure et casque en petites palettes de pierre nouées de lien en cuivre. L'armure pesait 20 kg
Fils d’une chanteuse, Ying Zheng devint à 13 ans roi de Qin après quelques morts suspectes (il commença la construction de son tombeau à cette date, tombeau qu’il ne verra jamais), mais c’est sa mère qui assuma la régence jusqu’à ses 22 ans. L’amant de sa mère préparant un coup d’État, il exécuta toute la famille de ce dernier, y compris ses propres demi-frères.
En seize ans, il attaqua tous les autres royaumes qu’il unifia par la ruse ou par la force et en 221 avant J.-C., il se proclama Qin Shihuangdi, Premier Empereur de Chine. Il régna onze années. Mégalomane, il fit construire les 600 kilomètres de la Grande Muraille de Chine. Le Premier Empereur a initié de nombreuses innovations pour les Chinois et, en premier lieu, l’unification de l’écriture pour que tous les peuples chinois puissent se comprendre.
Son règne fut avant tout onze ans de terreur telle que, pendant vingt-deux siècles, les Chinois le laissèrent dans l’oubli, tellement il était synonyme de barbarie.
Le mausolée s'étend sur environ 56 km².L'ensemble archéologique comprend d'une part le tombeau et d'autre part les fosses où l'on a trouvé, à partir de 1974, l'armée enterrée , formée par des milliers de soldats de terre cuite. Cette dernière est parfois appelée armée de terre cuite ou armée d'argile.
À environ 1 500 mètres de la tombe, proprement dite, se trouvent les fosses contenant quelque huit mille statues de soldats datant de 210 av. J-C, qui ont quasiment toutes un visage différent, et de chevaux en terre cuite. C'est « l'armée enterrée », destinée à garder l'empereur. Ces statues furent cuites dans des fours à une chaleur d’environ 900 °C, puis décorées et colorées.
On trouve beaucoup de fantassins, mais aussi des archers, des chars, des cavaliers, des généraux, etc.
Les personnages mesurent près de 1,80 m à 2 m, et ont tous un visage différent grâce à un jeu d'assemblage des différents éléments composant le visage. Ils portent tous une arme (épée, arc ou arbalète) en bronze recouverte d'une fine couche de chrome (raison pour laquelle certaines de ces armes sont toujours affûtées) .
Depuis cette grande découverte des fosses n° 1, 2 et 3 remontant à quelques dizaines d'années, les archéologues en ont trouvé de nouvelles qui ont été mises au jour. L'une d'elles , fouillée récemment (vers 2004), contient des musiciens et des oiseaux longeant un ruisseau factice.
Photo Musée des Beaux-Arts
Il semblerait que l'empereur ait souhaité être entouré, jusque par-delà la mort, de toutes les choses qu'il aurait appréciées de son vivant et d'avoir des moyens pour affronter l'éternité.
La tombe elle-même se trouve à environ 1,5 kilomètre à l'ouest de l'armée enterrée. Elle est enfouie sous une pyramide de terre de 75 m de haut et de près de 350 mètres carrés.
L'édification de la nécropole a nécessité trente-six ans d'ouvrage, avec une main-d'œuvre de quelque 700 000 personnes et représentait une carte géographique de la Chine entière. D'après Les Mémoires historiques de l'historien Sima Qian, les ouvriers ayant préparé le tombeau et assisté à l'enterrement ont été emmurés vivants dans le mausolée à la fin de la cérémonie afin que les secrets de sa construction ne soient pas divulgués. Les sacrifices humains à la mort d'un empereur paraissent avoir été fréquents dans la Chine de cette époque. Certaines fosses contiennent d'ailleurs de nombreuses dépouilles.
Selon les sources historiques, elle contiendrait, outre le corps de l'empereur Qin Shi Huangdi, une reproduction de son empire, avec des rivières de mercure coulant éternellement, et un plafond constellé de pierres précieuses, pour représenter la voûte étoilée. On dit aussi que la tombe de l'empereur contiendrait les tombes de 48 concubines, enterrées vivantes avec lui. Deux chariots de bronze somptueux ont été déjà déterrés près du tumulus contenant la tombe.
La tombe elle-même n'a pas encore été fouillée. L'État souhaite en effet attendre le développement de technologies qui garantissent que le contenu, en particulier la momie de l'empereur, ne subira aucun dommage. De plus, les archéologues cherchent à s'assurer que les pièges et les trappes équipées d'arbalètes, installées, pense-t-on, par l'empereur pour protéger sa dépouille des pillards, ne constituent pas un danger.
Selon l'historien Sima Qian (145-90 avant J.-C.), la construction du mausolée commença en 246 avant J.-C. et impliqua plus de 700 000 ouvriers. Dans ses Mémoires historiques, écrites un siècle après l'achèvement du mausolée, il décrit celui-ci en ces termes :
"Dès le début de son règne, Che-hoang (Qin Shi Huang) avait fait creuser et arranger la montagne Li. Puis, quand il eut réuni dans ses mains tout l'empire, les travailleurs qui y furent envoyés furent au nombre de plus de sept cent mille ; on creusa le sol jusqu'à l'eau; on y coula du bronze et on y amena le sarcophage; des palais, des bâtiments pour toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets d'art y furent transportés et enfouis et remplirentla sépulture. Des artisans reçurent l'ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques; si quelqu'un avait voulu faire un trou et s'introduire dans la tombe, elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure les cent cours d'eau, le Kiang, le Ho et la vaste mer ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient de l'une à l'autre. En haut étaient tous les signes du ciel, en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec de la graisse de phoque des torches qu'on avait calculées ne pouvoir s'éteindre de longtemps. Eul-che dit: « Il ne faut pas que celles des femmes de l'empereur décédé qui n'ont pas eu de fils soient mises en liberté. » Il ordonna que toutes le suivissent dans la mort; ceux qui furent mis à mort furent très nombreux. Quand le cercueil eut été descendu, quelqu'un dit que les ouvriers et les artisans qui avaient fabriqué les machines et caché les trésors savaient tout ce qui en était, et que la grande valeur de ce qui était enfoui serait donc divulguée ; quand les funérailles furent terminées et qu'on eut dissimulé et bouché la voie centrale qui menait à la sépulture, on fit tomber la porte à l'entrée extérieure de cette voie, et on enferma tous ceux qui avaient été employés comme ouvriers ou artisans à cacher les trésors; ils ne purent pas ressortir. On planta des herbes et des plantes pour que la tombe eût l'aspect d'une montagne."
Des recherches entreprises récemment sur le site ont fait apparaître des niveaux anormalement élevés de mercure dans le sol du tumulus funéraire, ce qui va dans le sens des Mémoires historiques de Sima Qian.