Devenir citoyenne canadienne

Aujourd'hui, au retour du travail, une belle surprise m'attendait dans ma boite aux lettres. Une grande enveloppe brune. Ah, les enveloppes brunes! Si vous saviez ce qu'elles représentent pour un aspirant (espérant) immigrant...
À un point tel que la première qu'on reçoit, la plus importante, n'a d'autre nom que "La Brune". La Brune, qui porte tout simplement le nom de sa couleur, puisque, par souci d'écologie, le gouvernement canadien n'utilise que du papier recyclé pour ses courriers officiels. C'est le sésame vers un nouveau monde,  la clef de l'avenir. Lorsqu'on la reçoit, on ne l'ouvre pas tout de suite...On l'admire, on la tourne dans tous les sens, on n'ose croire qu'elle est là, bien réelle, sous nos yeux. On la caresse, comme le rêve qu'on caresse depuis des mois ou des années. Une sensation, une émotion qu'on retrouvera quelques mois plus tard, le jour où on pose ses pieds de résident permanent sur le sol Québécois et où l'agent du bureau d'immigration nous souhaite avec un grand sourire: "Bienvenue chez vous, au Québec"!

 

Et quelques années plus tard, voilà qu'une nouvelle brune vient nous annoncer que oui, le Canada a bien reçu notre demande de citoyenneté, qu'il en est très honoré, et qu'après quelques petites vérifications (un peu approfondies) il sera très heureux de compter un (e) citoyenne de plus en son sein.

Mais au fait? Pourquoi demander la citoyenneté canadienne, alors qu'on vient d'un des plus beaux pays du monde? Avant d'entamer la démarche, je me suis posée la question, bien évidemment, comme beaucoup d'autres de mes co-immigrants.
Et puis vouloir être quoi. Canadienne? Québécoise? Moi qui suis Française et Provençale? Moi qui ai des origines russes et un grand-père sicilien?

Et c'est là que j'ai réalisé ce que j'aimais le plus dans ce pays. Déambuler sur les avenues de Montréal, entrer dans des magasins, entendre parler français, italien, anglais, russe, espagnol, arabe, chinois. Me faire demander un renseignement en petit-nègre français par une japonaise, lui répondre en petit-nègre anglais, et la voir s'éloigner en souriant,  satisfaite, avec un hochement de tête.

J'ai suivi l'Homme que j'aimais par dessus tout parce qu'il avait choisi cette terre, dépérissait loin d'elle et parce qu'il m'y avait promis du travail. Mais ma sage amie Mandy m'a souvent dit: " apprends à aimer ce pays non pas pour ce que tu y vis avec lui aujourd'hui, mais pour ce qu'il t'apporte à toi seule". Et en réfléchissant à la démarche entreprise, je m'aperçois que cette terre ancestrale m'offre de merveilleux cadeaux. Un avenir choisi pour moi, un avenir pour mon fils, de merveilleux paysages, 4 saisons aussi belles et envoûtantes les unes que les autres, une sensibilité et une émotion qu'elle partage sans compter.

 Je vis au Québec. Oh, je sais bien que tout n'est pas parfait, que beaucoup de choses sont encore à construire. Le Québec, c'est un coin de terre où je connais le plus grand bonheur au quotidien de ma vie.
 Le Québec, au cœur du Canada, m'offre sa protection, sans me demander de renier ou de renoncer à ma citoyenneté française. Mais le Québec, au cœur du Canada, m'offre aussi ce que je souhaitais depuis si longtemps. Le sentiment d'être Citoyenne du Monde.

Je ne renierai jamais mon coin de Provence odorant et ensoleillé, mais j'accueille avec gratitude l'honneur qui m'est fait par l'intermédiaire de ma petit Brune.

En attendant, il va falloir que je potasse tout le fascicule qui m'a été envoyé. Faut pas croire, il est joli, mais il y a beaucoup de pages écrites tout petit tout petit, comme on disait quand on était plus jeune.
Ensuite, dans quelques mois, j'aurai le droit de me présenter à l'examen de citoyenneté sur convocation, et, si je le réussis, quelques mois encore (ah la la, l'administration), je serai intronisée pendant une cérémonie officielle où je prêterai serment à la Reine (au Roi?). En attendant, ça non plus, c'est pas encore gagné. Chéri, tu me fais réviser mes leçons???

Au fait, vous l'aimez, mon drapeau rien qu'à moi?

Allez, bisou les gens !!!